Émétophobie: Ma juste part de vomi et de bonheur
Bonjour chers membres du groupe et tous ceux et celles qui liront cette chronique en dehors du groupe. Nous vous rappelons que ces chroniques sont à titre informatif et réflexif et ne constituent pas un avis médical d’aucune sorte.
Je suis guérie de l'émétophobie
Je suis guérie de l’émétophobie depuis environ aujourd’hui cinq ans (Chronique écrite en 2024) . Ce fut un processus qui a duré environ deux ans. Par contre, j’ai fait une grande préparation depuis plusieurs années. Je suis une grande lectrice de livres sur le développement personnel et sur le succès.
Les membres du groupe privé Facebook Émétophobie : peur à en vomir me demandent souvent comment j’ai fait pour guérir et j’essaie d’analyser le plus possible les processus que j’ai utilisés, parce que oui, je me suis guérie moi-même en grande partie, mais avec également beaucoup de lecture, beaucoup d’actions et aussi beaucoup de confrontations, d’exposition (je devais lire toutes les publications du groupe Facebook privé avant de les publier et de décider si j’allais les publier ou non).
J’explique souvent de vive voix une philosophie que j’ai adoptée pour guérir de l’émétophobie, mais aussi d’une nervosité de vivre. Cela me vient des nombreuses lectures de livres sur le succès et le développement personnel que j’ai lus au fil des années pour être une meilleure entrepreneure et femme d’affaires.
Accepter le vomi, accepter le bonheur
Le blanc, le noir, la nuit, le jour, la joie, la tristesse, l’été, l’hiver : la vie, c’est tout ça. C’est une balance entre le positif et le négatif. Pour vivre pleinement ma vie, je devais accepter les risques inhérents à celle-ci. Pourquoi vouloir à tout prix, et surtout à fort prix, éliminer tout risque de vomir durant ma vie ? Comment pourrais-je supprimer de ma vie le noir et n’avoir que le blanc ? Ou éliminer la nuit pour n’avoir que le jour ? Impossible : la vie est faite ainsi, elle est faite de tout cet ensemble, beau et laid, doux et violent.
Si je voulais vivre une vie pleine et entière, je devais accepter le “dark side” de la vie et tous ses risques qui viennent avec. Accepter le risque de vomir ne fera pas de moi une personne qui vomira plus dans sa vie ! Je dirais que j’ai fait un pacte avec la vie : qu’elle m’envoie ma juste part de vomi, ni plus, ni moins, juste ma part à moi.
Ex-émétophobe oui, mais encore très hygiénique
Accepter le risque de vomir ne fera pas de moi non plus une personne qui lèchera une poignée de porte à la première occasion ou mangera un OVNI (objet de viande non identifié) dans un resort tout inclus dans le Sud. Je reste microbiologiste ! On se calme ! Je parle juste d’être plus normale dans mes évitements ou rituels. De ne pas être émétophobe, mais pas non plus une personne insouciante. Je serai donc une ex-émétophobe microbiologiste qui prévient un peu plus que la moyenne du grand public, sans m’empêcher de vivre une vie riche et remplie d’expériences !
Donc, je ne pouvais pas avoir le beurre et l’argent du beurre, c’est-à-dire avoir une vie riche et pleine d’expériences sans en accepter le prix : celui de ne pas tout contrôler et d’accepter les risques associés au fait d’être vivant. En fait, on ne peut pas chercher à éviter à tout prix de vomir et chercher à se réaliser en même temps. L’émétophobie est une job à temps plein : vous avez peu de place pour le reste.
Ça occupe votre cerveau 24/24, 7/7, 365 jours par année. Très peu de répit pour les émétophobes : bien trop de choses à penser pour chercher des expériences excitantes. Je le sais trop bien, car maintenant que je n’ai plus ces pensées, rituels et évitements, je peux vous affirmer que souffrir d’émétophobie est un gruge-énergie important, MAJEUR, dans une vie.
En fait, on pourrait poser la question à un·e émétophobe :
« Que fais-tu dans la vie ? »
Et il ou elle vous répondrait :
« Je fais tout pour éviter d’être malade, de vomir, et dans mes temps libres, j’essaie de me concentrer à mon emploi et, si jamais il me reste un peu d’énergie, j’ai des enfants et un conjoint… »
J’avais passé les quinze dernières années à parcourir la province pour donner des formations sur la prévention des infections, la gastro, le lavage des mains, la désinfection… et il fallait que je me rende à l’évidence : je n’avais pas réussi à éliminer la gastro de la planète Terre (oui, j’avais de grandes ambitions). Puisque je ne pouvais pas éliminer la gastro du monde, il me fallait trouver une autre solution… et la plus simple était de me retourner et de plonger au creux de la phobie.
Bref, la solution était simple : il fallait que j’accepte ma part, que je capitule, que je rende les armes, que je signe un traité de paix et que je dise oui au vomi !
Je vous souhaite de vous déposer sur ces mots.
Nathalie Thibault Microbiologiste, Ex-émétophobe