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Enfants et émétophobie : ce que recommande une spécialiste

Ce que les parents doivent comprendre en premier

Selon Anna Christie, spécialiste reconnue de l’émétophobie, le point le plus important mais le plus contre-intuitif pour un parent est le suivant : ne pas rassurer un enfant anxieux lorsqu’il pose des questions sur la possibilité de vomir.

La réassurance est ce que l’on appelle un comportement de sécurité. Elle soulage sur le moment, mais renforce la phobie.
Quand on dit à un enfant : « Non, tu ne seras pas malade », il se sent mieux, et son cerveau apprend que :

« Quand je panique, demander de la réassurance me calme. Donc je continuerai. »

La réassurance transmet aussi inconsciemment :

« Vomir est réellement dangereux. »

La réponse correcte et honnête est donc : « Je ne sais pas. »
Dite calmement, sans drame, comme si ce n’était pas un sujet sérieux. L’enfant peut paniquer au début, surtout s’il était habitué à être rassuré, mais cette réaction ne dure pas.


Comment les jeunes enfants développent-ils l’émétophobie?

Christie explique que les enfants très jeunes sont naturellement perturbés par le vomissement.
Autour de 2 ou 3 ans, vomir peut être vécu comme un choc : l’enfant ne comprend pas ce qui se passe.

Normalement :

  • le parent réconforte,

  • l’enfant apprend où vomir (toilette, bol ou bac — les “3B”),

  • et la vie continue.

Mais si un stress survient (nouveau bébé, déménagement, changement d’école), l’enfant peut commencer à canaliser son anxiété sur la peur de vomir, même si le parent ne repère pas le stress d’origine.

Le stress n’a pas besoin d’être « négatif » : un changement positif peut aussi déclencher la phobie.


Les questions piégées et la réassurance déguisée

Les enfants anxieux ne posent pas seulement des questions directes. Ils peuvent demander :

  • « Est-ce correct de manger ça ? »

  • « Est-ce que j’ai l’air pâle ? »

  • « Est-ce que tu penses que ma journée va bien aller ? »

Encore une fois cette réassurance soulage temporairement l’enfant, mais son cerveau apprend :

« Quand j’ai peur, demander encore et encore me calme. »

et on renforce la phobie!
N'entrez pas dans ce jeux. Prenez leur phobie au sérieux, mais sans faire ce qui l'alimente.

L’enfant peut paniquer, mais c’est normal : ce n’est que la réaction à l’arrêt d’un ancien mécanisme.

Anna conseille :
Répondre une seule fois.
→ Dire « Je t’ai déjà répondu. Je ne répéterai pas. », si l’enfant insiste.


Comment aider un enfant à se calmer sans réassurance

Sans réassurance, l’enfant doit apprendre à :

  • respirer lentement,

  • relaxer son corps,

  • faire de l’art ou écouter de la musique,

  • se distraire par le jeu ou l’école,

  • utiliser des outils comme ceux du Turnaround Anxiety Program (programme recommandé par Christie).


Une stratégie efficace : les “Get Out Of Jail Free Cards”

Christie propose une technique simple et très puissante :
→ créer un nombre limité de cartes à utiliser lorsque l’enfant veut éviter une situation anxiogène (ex. : manquer l’école, éviter l’autobus, demander qu’on touche son front).

Par exemple :

  • 3 cartes « rester à la maison »,

  • 3 cartes « obtenir un lift »,

  • 5 cartes « vérifier ma température ».

L’enfant apprend à :

  • décider par lui-même,

  • évaluer son anxiété,

  • ne pas “gaspiller” une carte,

  • et surtout… à se faire confiance.

Christie rapporte que cette technique fonctionne étonnamment bien.


Priorités pour les parents

Avant d’interpréter un comportement comme étant de l’émétophobie, Anna rappelle l’importance de vérifier dans cet ordre :

  1. Santé physique (douleur réelle? perte de poids?)

  2. Sommeil (manque de sommeil = problème sérieux)

  3. Présence à l’école

  4. Accès à un professionnel en anxiété/phobie

  5. Vie sociale (sports, musique, activités)

Un enfant anxieux ne « s’en sort pas tout seul ». Il doit être accompagné pour retrouver une vie normale et un quotidien heureux.

Commentaire personnel de Nathalie: Je me rend compte que je demandais beaucoup de réassurance à mon conjoint et plus jeune, même adolescente, à mes parents. De plus, on l'a beaucoup vécu avec le Ça va bien aller de la pandémie!!  Apprende à se rassurer seul.  Je me répète encore et toujours: QUOI QU'IL ARRIVE, JE SAURAI Y FAIRE FACE.

La chronique originale https://emetophobiahelp.org/2020/12/03/kids-and-emetophobia/      Note: Nous avons eu les autorisations nécessaires de l'auteure de cette chronique anglophone pour la traduction et un court résumé

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